De nos jours une pension de retraite par capitalisation est liquidée à un taux de 4,2 à 4,5% du capital placé, sans pension de réversion. Avec pension de réversion il est à 4%. A ces taux, le capital augmente et bénéficie à la compagnie, alors que le retraité ne pourra bénéficier que d’une partie des intérêts et en toute hypothèse il perd le capital accumulé. En fait il ne bénéficie que d’une partie des intérêts.
Les retraites par répartition ont été fondées, justement parce que l’ancien système avait des limites mais en plus ne servait qu’à alimenter le capital au détriment du travail, à une époque ou la France était exsangue. Aujourd’hui on nous ressert ce vieux système , au moment ou il n’y a jamais eu autant de richesses accumulées , alors même que le rapport capital travail n’a jamais autant bénéficié au capital, de toute l’histoire de la société industrielle. Il n’y pas non plus de problème démographique. La population a quasiment doublé depuis le début des années trente et la proportion de salariés dans notre société n’a cessée de se développer. Il faudrait donc doubler, tripler, quadrupler la population. Quel est le bon seuil. Le système de la vis sans fin, ou la fuite en avant. Tout cela pour justifier un aggravement du rapport capital travail au seul profit du capital et permettre l’évolution des bénéfices et des plus-values. Bien sur, quand on veut tuer son chien….Il faut aussi noter que le régime général des salariés compense les caisses des non salariés alors que les taux des cotisations de ces derniers est inférieur à celui des salariés et que le système est différent et que seuls les salariés cotisent sur la totalité de la feuille de paye et donc de leur revenu réel. Or , intra-muros, le régime général des salariés du secteur privé est excédentaire , ce n’est pas là qu’il faut chercher les déficits structurels. Que l’Etat paye son du, que les non salariés assument les disparités de situation et la solidarité inter professionnelle. Est-il normal que la solidarité aille de la cotisation de la « bonne » vers la caisse de son employeur médecin , par exemple, de l’ouvrier agricole au SMIG à son employeur propriétaire de 500 ou 600 hectares, qui lui ne cotisera que sur le revenu cadastral et un taux inférieur à celui de son salarié.
J’ai lu avec étonnement que le Chili de Pinochet était cité en exemple en matière de retraites par capitalisation et nous n’avons certainement pas les mêmes informations. Pour cela il faut préciser qu’il a fallu les pelotons d’exécution et plonger le peuple dans la misère pendant un vingtaine d’années et il y a ceux qui ont la chance de pouvoir se faire une retraite en capitalisant et une grosse minorité qui ne peut vivre sans la solidarité familiale des générations qui suivent. Le niveau des retraites est celui que nous citons plus haut et avec une dictature il y a le système politique économique et social qui va avec. Pourquoi ne pas citer les Etats-Unis comme référence, c’est formidable, des salariés jetables, sans protection sociale, sans retraites, ils plus de quarante millions, un détail peut-être. L’Angleterre aussi pourrait être citée, avec les caisses des mineurs privatisées et des retraites de 80 euros par mois après 40 ou 45 années de cotisation pour certains. Et tous ces pays dits « émergeants » ou n’existe que le système par capitalisation, dont la plupart des salariés en ignorent jusqu’à l’existence tant la possibilité de pouvoir y accéder et lointaine et improbable.
En cinq ans le salaire moyen en France a baissé et il en est de même pour la masse salariale qui connaît une baisse relative, le pouvoir d’achat lui subit une baisse réelle, Dans le même temps les profit des plus grosses entreprises s’envolent depuis plusieurs années sans pour autant participer au « gâchis » social qu’elles engendrent. Des salaires qui dépassent tout entendement mais aux cotisations « plafonnées », les « stocks options » qui échappent à toute cotisation , des placement illégaux dans des paradis fiscaux et sans prélèvement social, ni d’impôt.
En somme ; tous vers les fonds de pension dévoreurs d’emploi, comment capitaliser ensuite quand on a perdu son emploi. Il y a déjà ceux qui ne peuvent pas capitaliser, seraient-ils des sous-hommes justes bons pour vivre de la charité publique après une vie de labeur. Il y a ceux et c’est une certitude qui gagnerons moins ou qui perdrons leur emploi sans avoir pu épargner suffisamment , cela arrive dans une vie de salarié et de manière plus fréquente encore.
La retraite ce n’est pas une équation et on ne peut faire abstraction de la vie d’êtres humains, de leur quotidien et de leur dignité. Par son travail le salarié produit les richesses et il ne pourrait en bénéficier, son salaire devrait à nouveau servir à l’enrichissement des plus riches par les cotisations versées à des régimes privés de retraite par capitalisation. Quelle aubaine pour les milieux financiers, toutes les cotisations salariales et la part de salaire indirect dans les caisses en ne reversant qu’une partie des intérêts perçus, imaginons cette masse spéculative sur les marchés financiers, aux valeurs « virtuelles », qui ne reposent sur aucune augmentation de la richesse, la catastrophe ne sera pas virtuelle , elle.
Je préfère la victoire du CNR à celle sanguinolente et putride de Pinochet. Il y a deux camps opposés et deux conceptions de la dignité radicalement et parfaitement antagonistes mais aussi deux visions de la société…. Et des retraites.
La retraite par capitalisation ,c’est du vol et un « racket » sur le travail dont l’essentiel réside à retirer de la plus value sur de l’argent ( qui antérieurement échappait à cette ponction dans le secteur socialisé) et à ce titre volé au cotisant et à l’ayant droit.