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socialiste de gauche 65

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"socialiste de gauche", n'est pas un site officiel ! Il rassemble des militants, de simples citoyens de divers horizons qui adhérent aux principes du socialisme. les textes publiés, n'engagent que leurs auteurs et non le PS ou tout autre parti.


Les ambiguïtés de "l’économie sociale de marché"

Publié par sur 30 Avril 2008, 15:47pm

Catégories : #général

Liêm Hoang-Ngoc, Politis , 28 avril 2005

Honteux d’avouer leurs pêchés, les promoteurs du " oui " de tout bord tentent, contre vents et marées, de montrer que le traité constitutionnel n’est pas un traité libéral !

Ils brandissent notamment à cet effet l’article I-3-3 : " L’Union œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marche hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social et un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement. "

Cette phrase est à première vue progressiste. Décortiquée, elle transpire de la nouvelle pensée unique, celle qui veut appuyer la marche du néo-libéralisme sur des béquilles morales et éthiques.

La stabilité des prix est devenue une obsession depuis l’épisode inflationniste des années 70. Les salaires et la protection sociale des travailleurs, mordant sur la part du gâteau revendiquée par les actionnaires, avaient alors si bien progressé que la hausse des prix fut la réponse immédiate trouvée par les entreprises pour préserver les profits, en vain.

Elles ont depuis bénéficié de la baisse des salaires. L’inflation avait fini par miner le patrimoine même des épargnants. Contrairement à ce qu’il fut dit, elle n’était pas le symbole de la faillite du keynésianisme mais la réponse des capitalistes à l’euthanasie du rentier, trop bien pratiquée par les politiques keynésiennes !

L’inflation n’était donc aucunement d’origine monétaire, contrairement à la thèse monétariste en vertu de laquelle, dans le traité constitutionnel, son contrôle est confié à une Banque centrale indépendante.

Ce principe est en vérité l’alibi de la restriction de la création monétaire, présumée néfaste, surtout pour financer des investissements publics supposés fausser la concurrence.

C’est pourquoi la partie III encadre strictement le maniement des instruments budgétaire et monétaire en constitutionnalisant le pacte de stabilité et les missions de la BCE.

La politique suicidaire de la BCE entretient malheureusement un " euro fort " qui pénalise l’Europe. Les entreprises sont poussées à baisser les salaires et à délocaliser. Le pouvoir d’achat baisse et le chômage explose.

Le traité organise en outre de vastes transferts de droits de propriété au détriment des entreprises publiques qui, asphyxiées par l’interdiction des aides de l’Etat, seront contraintes " d’ouvrir leur capital " pour lever des fonds propres.

Dans ce monde néo-libéral, l’utopie de l’article I-3-3 revient alors à prier les actionnaires et les fonds de pension de pratiquer le " commerce équitable " ou le " développement durable " grâce à uneéconomie sociale de marché, hautement compétitive... comme chez Nike ! Outre que la foi en une " économie sociale de marché " est parfaitement partagée par la charité libérale et par la branche sociale-chrétienne, le principe d’une économie " hautement compétitive " est au plus haut point ambigu.

Le terme même de licenciement pour motif de compétitivité fit l’objet d’un vif débat avec les syndicats lors de la préparation de la loi sur les restructurations du gouvernement Raffarin parce qu’il présageait de l’inscription dans la loi des licenciements boursiers, accompagnant des délocalisations qui se multiplient.

Enfin, pour les promoteurs du " oui de gauche", l’objectif de plein emploi, qui se distingue celui " droit au travail ", parachèverait le caractère progressiste du traité !

Or n’oublions jamais que, pour les économistes libéraux, l’économie mue par la concurrence non-faussée est toujours en plein-emploi, même avec trois millions de chômeurs en France et cinq millions en Allemagne !

Pour les libéraux, le plein-emploi correspond à la situation d’équilibre de l’économie où le chômage est de nature volontaire.

Le chômage serait en toute circonstance choisi par les travailleurs, préférant le " loisir ", dès lors qu’ils peuvent " profiter " des allocations chômage.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la notion de " droit de travailler ", complémentaire, dans l’esprit libéral du traité, de celle de " droit au chômage volontaire " !

Cette grille de lecture, adoptée pour définir la stratégie pour l’emploi de Lisbonne, invite déjà les pays de l’Union à accroître le " taux d’emploi " des chômeurs suspectés de profiter des allocations chômage et de refuser les emplois à bas salaires.

Elle s’incarne dans certains plans de cohésion sociale en France et en Allemagne par la réduction de la durée d’indemnisation du chômage, assortie de menaces de sanctions des chômeurs… Les chemins de l’enfer libéral sont décidément toujours pavés de bonnes intentions sociales

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